Saturday 16 December 2017

L’été de la Noël

J'ai dans la tête comme un transistor qui fredonne (c'est l'air de William). Mais pas comme dans un vieux rock'n roll, plutôt plage avec chanteur de charmes pour femmes finissantes (c'est le Brol de Jacky), l'image vague d'un gendre en vogue, permanenté en costume blanc:  "On ira, où tu voudras, quand tu voudras", sur fond de palmiers psalmaudiant "Bââ ba ba", "Ba ba ba ba - Ba", "Bââ ba ba". Aux bas mots, c'est le juste ton. Pour la mélodie, à vous de le pêcher. Ca y est, vous l'avez en boîte? Conservez-le.

L'été indien, tube international francophone. Franco? 'Joe', un prénom de Dalton, ça ne s'accorde pas avec 'Chanceux Luc', n'est-il pas? Fausse note? Changeons de gamme: "Dassin" avec sa nasale bien francophone? Eh, non, juste la sonorité de "Odessa",  approximée par l'administration ...anglophone accueillant le grand-père de Joe, émigré ... russophone. D'Odessa à New York, quel Joli Jump (une référence à Morris de rire).

En outre, même le titre, été indien, nous vient d'outre-mer. Faut-il que la mélodie soit dirigée à la fine baguette pour symboliser la francité du tube? Non, "Bââ ba ba" nous vient de Salvatore Cutugno (Salvatore, c'est l'Italiano complet de Toto) . Rien qu'à l'ouïe, on reconnait plus facilement son coup de pâtes que la fine baguette. Toto, vendeur d'occasion, ne put véhiculer la mélodie à Cloclo, à cause d'un manque de réaction au démarrage matinal de ce dernier - et dire que Cloclo était connu pour sa reprise. Plus réactif, en taxi peut-être, c'est donc Joe (le taxi, c'est la rumba de Vanessa) qui gagna la course à Toto.

Vas-y Joe! Pour t'assurer un tube Paradis, aide-toi et le ciel t'aidera: c'est littéralement le père de la Noël qui livre à Joe les paroles - pérennes, forcément, il ne livre pas en taxi. Parole de Pierre, le tube est donc bien franco-phone!

Et le chanteur de charmes, francophone? Certes, aussi. Mais Joe Dassin dépasse la pantalonnade permanentée du "Bââ ba ba".  Sa biographie est mieux remplie que le vide au mielleux du tube, avec d'autres cordes que vocales à son arc. Quand Los Angeles, en plein repli identitaire voire etymologique, lance la chasse aux sorcières (les démons du maccarthysme), son cinéaste de père doit quitter le bois sacré de Californie pour en conserver le feu. Avec succès. Du rififi chez les hommes, prix Méliès 1955, Jules Dassin meilleur réalisateur à Cannes.

Exil dès 1950 pour la famille de Jules, onze écoles pour Joe le fils, Europe-trotter d'adoption, puis le bac en France. Revanchard envers les maccarthystes, Joe retraverse bravement l'Atlantique avec son bac. Il ne chavire pas, monnaie sa voix de miel aux mariages et plonge dans des bacs plus profonds pour se financer une maîtrise en anthropologie, l'étude de l'être humain - rien que ça, une corde inattendue à son arc.

Chanteur de charme trop timide pour la mise en scène, il approfondit sa science pourtant déjà maîtrisée au charme des femmes pas finissantes. Joe Dassin écrit pour Play-Boy. Ce qui l'aide peut-être à vaincre sa timidité. Européen par maccarthysme, c'est au coeur de l'Europe, à l'Ancienne Belgique à Bruxelles qu'il se mettra enfin en scène, le chanteur de charmes est né. Il peut désormais siffler sur la colline. Zaî zaî zaî zaî!  Zaî zaî zaî zaî!  Zaî zaî zaî!  Zaî zaî zaî zaî!


Source: William Sheller (rock'n roll),  Jacques Brel (Jacky), Toto Cutugno (Italiano), Vanessa Paradis (le taxi), wikipedia.org. Sans oublier Joe Dassin et Pierre Delanoël.

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