Monday 24 August 2020

Trois c'est trop

Si Ricard est la crème de la pastisserie amère, ce n'est pas grâce à feu Charles Pasqua, la "Mère Teresa du RPR" (dixit de son bien vivant). Bien avant de se recaser en premier flic de France, le directeur commercial du premier vrai Pastis de France est tombé en carafe (expression de circonstance); Pasqua écarté de Ricard sur dossier des flics de France pour avoir fripouillé fric avec un amer pas français. Si si, le Pasqua Pastis des futures lois Pasqua du bon Français a fripouillé pour importer un amer étranger!  

Finalement, le pastis comme le fric, ç'est une question de dosage à l'arrosage - une question d'eaux troubles en somme. Pour les curieux, l'amer américano copain de Charles était Gancia. Infidèle au verre jaune régional (couleur régionaliste de l'homophone au rosé de Camargue), le futur bleu populiste était donc fana du rouge. Trêve d'amers bavardages haut en couleurs d'un café de Canebière, reconcentrons-nous sur l'amer apéro, le vrai (et bon) français. Il était une fois.. un Pernod avant Ricard. Oups, pardon, l'histoire commence avec deux Pernod sans Ricard. Servons autant qu'il se doit, dixit Fernandel: "le pastis, c'est comme les seins: un c'est pas assez, et trois, c'est trop.

On s'éloigne de Mère Teresa. Restons sains et sobres - deux Pernod svp! Deux Pernod avec d", pas comme dans Dupond/Dupont, ni comme dans flamand/flamant (jaune/rose). Quoiqu'existe toujours l'anisé Vieux Pontarlier Pernot avec "t", mais ne diluons pas trop la chose - ça troublerait. Restons ordonnés ("pastis" signifie "désordre" en occitan) et débutons avec les deux absinthes Pernod. Absinthes... eh oui, pas encore de pastis au 19ème, c'était avant le réchauffement climatique.

Il était une fois... un Mr Pernod suisse à Pontarlier, et il était une fois un Mr Pernod pas suisse et pas parent de l'autre, à Avignon, en Provence. Avec son usine "Pernod fils", le Suisse fit de Pontarlier en Jura la capitale de l'absinthe.  Point commun entre l'absinthe et le pastis? Pointons la ténacité face à la dilution: la vidange des cuves d'absinthe dans le Doubs à Pontarlier (pour une bonne raison non-écologique) a peut-être rendu des poissons clown, mais l'absinthe-à-l'eau a surtout teinté de couleur écolo une autre rivière, la Loue, preuve géoalcologique que sa pittoresque source n'est qu'une résurgence du Doubs.

Après avoir pointé, il faut tirer l'histoire. Confinée d'abord en bourgeoisie, la "fée verte des boulevards" (ah...ça sonne soif) se propagea  d'abord au retour de guerre (zone rouge) des soldats porteurs d'absinthe. Selon le petit livre vert-pas-écolo du soldat en Algérie au 19ème, il fallait diluer quelques gouttes d'absinthe contre malaria et dysentrie (note pour les confinés concernés: c'est permis, l'absinthe est redevenue zone verte, ça a encore changé). 

Mais comme pour le bio, la vraie démocratisation de l'absinthe survint grâce aux volumes industriels. Le Pernod pas suisse, l'autre, celui d'Avignon, lança sa marque d'absinthe "Jules Pernod" fin 19ème en profitant éhontément de l'homonymie avec la déjà historique absinthe de "Pernod fils" à Pontarlier. Plus tard, l'arriviste-copiste de la cité des papes rebaptisa même son usine "Pernod père et fils" au grand dam du Pernod de Pontarlier(*). Ce dernier, le premier Pernod, monta au pont, protesta, esta, etcaetera, mais point de Peuchère au vocabulaire du copiste Pernod, qui continua à faire danser Avignon tout rond.

Mais rendons à Marius ce qui appartient à la Provence. Lorsque la loi (1915) força l'abstinence d'absinthe (ça sonne encore plus soif ces mots semblables), désolant Pontarlier,  Pernod de Provence créa "Anis Pernod". Moins alcoolisée, la nouveauté à base de badiane n'atteignit pas la popularité de l'absinthe - moins c'est fort, moins c'est populaire, devise bien connue des populistes. Et... le Pernod de Pontarlier répliqua avec "Anis Pernod fils". Peuchère! Ca esta etcaetera de nouveau, jusqu'à fusion des deux Pernod (1928),  la fusion des deux avec "d", une construction comme un pont d'Avignon à Pontarlier. Et un Pernod garçon, un!  

Vivre avec un seul Pernod? Euh,.. en repensant à Fernandel, est-ce là un sobre dessein? Ouf, un autre luron pointa en surface pour materner l'assoiffé d'une nouvelle nouveauté: le "pastis de Marseille" (1932). Un certain Ricard, Paul, mécène des sports qui roulent (formule 1, pétanque), mécène ailleurs aussi (Bombard, corrida, ..), et fin visionnaire en marketing. Question finesse, le choix de Charles s'avéra moins fin in fine; les chameaux chargés de Ricard jusqu'à Paris, la "caravane de la soif", on peut discuter.

Ricard, c'est la première apparition du mot "pastis" sur une bouteille, avec plus de réglisse que dans "Anis Pernod". On me dit que la réglisse stimule le cerveau, ça me va.  Bien entendu, un peu amère mais fidèle à sa tradition copiste, la maison Pernod a réagi, récolté plus de réglisse, et commercialisé aussi son "vrai pastis". En mille neuf-cent cinquante et un, qui l'eût deviné?  

Et Fernandel dans tout ça? "Pernod" et "Ricard" ont fusionné en 1975. Un seul c'est trop peu, ça manque de relief comme il disait. Bah, faites comme Serge Gainsbourg: commandez un "102" !

(*) Rébus sur l'adjectif associé: mon premier est demi à Avignon, mon second c'est toi en Wallon, mon troisième qualifie un prêtre du Dieu Mars. Et mon tout est un Jurassien de Pontarlier.

(c) surtout Wikipedia.


Friday 26 June 2020

Des potes à Voltaire

A en croire l'étymologie, la démocratie, le pouvoir ("kratos") du peuple ("demos"), serait moins naturelle que le despotisme éclairé, un mode gouvernemental associé à la physiocratie ("kratos" - le pouvoir, "physis" - la nature, le "gouvernement naturel"). Détenteur ’naturel’ du pouvoir selon les physiocrates, le despote éclairé est (selon les physocrates) naturellement guidé par la raison, si chère à Voltaire et autres Lumières, dont les Encyclopédistes. Accros de la plume, ces phiphys (philosophes physiocrates) éclairent, de lettres en visites, leurs éclairés en chef: Catherine, Frédéric, Joseph, tous les II de Russie, Prusse, Autriche. Il y a pire qu'empire comme zone à éclairer. A rendre jaloux les philosophes à travers les siècles, de Machiavel au bobo BH, eux qui ont dû se contenter respectivement de princes et d'on ne sait quoi.

Eclairage aux intérêts mutuels entre despotes et phiphys puisque Catherine II, la despote éclairée, finança l’Encyclopédie de philosophes éclairants. Médisant, mais peut-être vrai disant.  Diderot s'encourut à la cour de St Petersbourg et Descartes donna cours à la Cour de Suède.  Proliphiphyque, Voltaire, lui, écrivait: 197 lettres à Catherine! Pas de Petersbourg, mais Voltaire courut ailleurs et changea de Cour, sans perdre un Louis, titrant même chambellan à la Cour de Frédéric (le II de Prusse si vous suivez). Courtisan courtisé de Versailles à Berlin, Voltaire la Lumière aimait le luxe - l'étymologie confond d'ailleurs ces concepts, le phyphi est l'ancêtre du bobo.

Eclairé mais ingrat, peu Candide en somme, Frédéric II (mé)disait dans le dos de son chambellan en titre: "lorsque l'agrume est pressé, on jette l'écorce"  (et tel fut le sort de Voltaire à Berlin).  Là, on flaire l'efficacité du despote éclairé. En effet, sans débats mains point sans ébats (très utiles au pouvoir de Catherine), le despotisme éclairé est efficace.  Exemple? Développement de l’agriculture au galop de charge: Frédéric II fonde 900 villages, Joseph II importe cent mille colons en Hongrie, et Catherine II oukase une colonie germanique sur la Volga. Colons ces germains mais pas totalement couillons: incités par trente ans d’exonération d’impôts - on Volguerait pour moins! Colonie couillonnée tout de même par un autre Joseph, naturellement plus illuminé qu’éclairé, qui débarqua les colons de la Volga en 24 heures (succès mitigé pour le développement agricole au goulag, trop froid ou trop d’impôts, Staline a dû louper un truc). 

Efficace aussi en matières religeuses, le despotisme éclairé bouscula  les Ordres, confisca leurs biens (naturellement), et éclaira par sa tolérance: bouddhisme religion d’Etat par Catherine II, une protestante convertie en pays orthodoxe, édit de tolérance des protestants par Joseph II en pays catholique, et première église catholique à Berlin par Frédéric II en pays protestant. Désordres religieux contre Ordres religieux, ça marche, c'est éclairé.

Bien sûr il y a débat sur le despotisme éclairé, mais comme Frédéric II qui postule au titre d'archétype de roi-philosophe, et même si les villages de Potemkine n' avaient qu'un éclairage de façade, Catherine II postule au titre d’archénana de la despote plutôt bien éclairée. La postérité en dira-t-elle tant des règnants aspirants despotes en 2020? Paraissent un tantinet moins éclairés (ou plus illuminés, c’est selon).  Et on ne parle pas de républiques bananières (à tort peut-être). Dire que la démocratie a élu ces archétypes! Pouvoir du peuple ou populisme?

Sunday 10 February 2019

Higgantesque

Une langue de bois, tranchée à la hache, c'est une langue dure à avaler, une langue peu inspirée. Inspirée mais sans aspiration, la langue russe privée de "H", tranchant ainsi avec d'autres langues, le remplace à la lettre par "G", Gamma, comme dans "Gollandya" (Голландия) ou "Gamburger" (Гамбургер). Boeuf peut-être, mais ce n'est pas de la langue. Loin de Madère, à la sauce américaine, ces slaves mots sont associés à Gouda / Hamburg. Et un Cheese! Souriez.

Eloignons ces substituts l'un de l'autre, tirons le "G" vers l'infiniment grand, le Gigantisme, et le "H" vers l'infiniment petit, ici nommé Higgantisme - par référence au boson de Higgs, noble particule méconnue aussi sous le nom de boson de Brout-Englert-Higgs.  L'Higgantisme c'est le gigantisme de l'infiniment petit, c'est le monde à l'Englert. Prix Nobel avec Higgs. Mérité!  Pondre un boson et veiller un demi-siècle qu'un Suisse accélère pour le ramasser, de quoi se payer des CERNes!  

Ironiquement, la ponte de Higgs sur le boson, en 1964 fût refusée par le journal scientifique du ...CERN, jugée non-relevante pour la physique. C'est donc "The American Physical Society" qui publia les papelards de référence, en 1964 toujours, celui de Higgs et celui de Brout-Englert. Est-ce par remords sur ce manque de flair que le CERN construisit 26 KM de tunnel haute-techno pour trouver ce tout tout tout petit boson? 

Baron François Englert: un Noble Nobel pour sa noble particule, mais un Nobel Noble sans particule noble. Ce paradoxe particulier tient de la particularité que chez Nos Belges Nobel, un Noble Nobel est Nobel avant Noble. Vicomte Prigogine, pas mal non plus pour un Nobel. Mais Père fondateur des Iles de Paix, c'est Pire, quoique noble aussi. Le pire et la paix, justement: avant son boson, François échappa au pire, aux Nazis, cachant ses origines en attendant la paix.

Revenons à nos bosons. Qu'est-ce que ce boson de Higgs? Euh..., c'est tout tout tout petit, et si on en prend tout un champ (on dit comme ça), on crée la masse de certaines "particules élémentaires", et donc on crée la matière (rien que ça - higgantesque!). Citons un physicien averti: "Une image pourrait être celle de particules qui traversent un champ de boue; ces particules accumulent ainsi  plus ou moins de boue, acquérant plus ou moins de masse; dans cette analogie le boson de Higgs serait la particule qui compose la boue". Euh...

A l'ère du digital, la boue reste un bel outil analogique.  Associée au politique par Higgs l'Ecossais, qui refusa le titre de "Chevalier", trop utilisé à des fins politiques selon lui - gageons qu'il ne voulait pas y prendre de la masse. Peu amateur de langue de bois, il  quitta aussi son rôle d'activiste du désarmenent nucléaire (CND) lorsque le mouvement s'attaqua aux centrales nucléaires. Fendre la matière avec énergie pour se chauffer en hiver - revoilà l'image de la hache, sueur et réchauffement climatique en moins.

Copyright: rtbf.be/info (comprendre le boson),  Wikipedia.org,  American Physical Society (physics.aps.org, Physics-Focus:  Nobel-Prize, why particles have mass" 2013)

Monday 18 June 2018

Plus ou Moins

Noir-Jaune-Rouge. Vas-y Eden, jongle! T'es pas tout seul, t'as de la Kompany. 

Quelle couleur pour 2018? Pour  les artistes de l'Excel, un résultat négatif s'écrit -2016 en Rouge, par opposition à un résultat positif en Noir, comme +1980. En case de victoire, on surligne en Jaune. Visualisez donc (virtuellement, c'est d'époque): + Noir et - Rouge, une convention de survoltés comptables, pourtant incompatible avec le voltmètre dans le tiroir!  Celui-là se branche comme suit: + le fil rouge sur le bouton rouge, - le fil noir sur le bouton noir. Si vous êtes Lamoureux du cinéma, répétez ce dernier vers en vert (coup de blues garanti).

Donc, si on suit le fil de l'histoire: + Rouge et - Noir. Correct?  Remontons le fil de l'Histoire. Sous le règne des Han, avant le Christ en Chine (on n'est pas à une virgule près pour situer la chose), paraissent les "neufs chapitres sur l'art mathématique". Les bâtonnets rouges de l'amusant 'rod calculus' y sont subtilement disposés aux opérations arithmétiques. Les nombres négatifs s'y distinguent par l'usage de bâtons noirs.

Dont acte. Feu vert pour le voltmètre: le + est bien rouge et positif ! Signe positif par excellence, la croix rouge est humanitaire (par foi, pour être compris, on précise 'croix sang rouge').  Couleur sang  sur l'ambulance (l'amour du prochain), couleur Appolon dans un petit coeur entre initiales (l'amour du précédent),  le '+' est un signe qui ne trompe pas. Ne dit-on pas fidèle comme un cygne?

Tout couple fidèle forme une paire, tout positif a son négatif (et inversément), comme les anciennes photos avec péllicules (mais non, on a beau traiter cela avec soin, les Han n'ont pas découvert le pétrole), ou comme le nombre positif, solution de l'équation Xcarré=9. De nos jours, son négatif est mondialement  admis comme solution aussi. En Asie, depuis longtemps. L'Europe, elle, résista au concept de nombre négatif, évoquant (entre autres) des 'numeri absurdi'.  Même Descartes écarta des solutions négatives aux équations, les qualifiant de "moins que rien" (il était pas loin quand même). On a retenu de lui "Cogito, ergo sum"; la citation complète était "Dubito, ergo cogito, ergo sum"... 

Avec un brin de Lumières en plus pour redresser cette dérive de fonctionnement, Leibniz intégra le concept de solutions négatives pour du bon. Auteur intégral, il tracasse depuis des générations d'étudiants à la dérive. Tant de générations avant Leibniz ont pourtant fonctionné sans tableaux de signes au cours de math!

Les petits Chinois ont eu moins de chance. Les bâtonnets rouges et noirs du 'rod calculus', c'est l'anté-Christ, deux mille ans d'avance en négatifs! Après le Christ, mille ans avant Leibniz, Brahmagupta et les Indiens jonglaient avec les négatifs (appelés "dettes") et les positifs (appelés "fortunes"),  ainsi qu'avec les équations du second degré, ouvrant très tôt l'Asie à une solution -3 de l'équation Xcarré=9. Brahmagupta a surtout maîtrisé le concept du zéro, énoncant notamment: "une dette soustraite de zéro est une fortune". Rien  à ajouter. 

Sources: nrich.maths.org, maths-et-tiques.fr, wikipedia.org

Tuesday 5 June 2018

Délicieusement vôtre


Horticulture, l'art de cultiver un jardin ('Hortus'), la culture manuelle de délices fleuris. La culture intellectuelle peut éclore en fleurs elle aussi, délicieuse aussi, juste besoin d'une touche féminine. Ainsi fleurit au XIIème siècle "Hortus Deliciarum", un bouquet de savoir, une encyclopédie illustrée, sous la direction de la rousse (enfin, on ne sait pas, elle portait voile). "Le Jardin des Délices": admirons beauté et poésie féminines du titre, plus fleuri et grand public que l'Encyclopédie de Diderot&co, le  "Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers". Rien qu'à lire ce titre là, on réduit l'audience à France Culture. En revanche, le "Jardin des Délices", c'est Club RTL, ça fait penser à un concours de chefs.

Ou de cheffes - respectons l'équité. A propos, dit-on cheffes-poules? Diffusée au XIIème, "Hortus Deliciarum" est la première encyclopédie réalisée par une femme, Herrade, abbesse en cheffe couvant ses moniales au mont St Odile. La "mère poule du couvent", aurait titré Club RTL.  Selon la rumeur numérique (Wikipedia), le "Jardin des Délices" a été écrit par une femme pour des femmes, les moniales utilisant l'oeuvre pour enseigner aux jeunes filles de la noblesse (et hop, on veut faire preuve d'équité et ça vous zappe de Club RTL à Place Royale, quel drôle de genre).

Très visuelle à l'oeuvre, la cheffe était une sacrée enlumineuse (en culture intellectuelle, on n'utilise pas le verbe "allumer" pour éclairer le lecteur). "Hortus deliciarum" est la première encyclopédie à adopter une dialectique ludique, privilégiant l'image sur le texte. Herrade voulut-elle s'adapter à son public?  Cette première est un jardin d'images superbes, bien plus séantes à France Culture qu'à Place Royale; voyez l'allégorie de la philosophie et des sept arts libéraux, un chef d'oeuvre d'harmonie.

Ces sept arts, présentés par sept jeunes filles dans l'allégorie de Cappella, reprise par Hérrade, constituent en quelque sorte le coeur de l'enseignement 'secondaire' au Moyen Age. Ah ah, y a-t-il concordance des temps avec notre enseignement? D'abord, le trivium des sciences du langage: 1) Grammaire (certainement, pratique d'Hérrade pas éradiquée), 2) Rhétorique (certes un peu, mais plutôt en fin de cours), 3) Dialectique ('certes' tout court, comme dirait l'Hermitte pas très moine un jour de Noël). Puis vient le quadrivium des disciplines scientifiques: 1) Astronomie (nivellement par le bas, remplacée par géographie de nos jours), 2) Géométrie (conservée pour quand même voir un peu dans l'espace), 3) Arithmétique (dépassée en nombre par la mathématique, positivons), 4) Musique (jugée autrefois indispensable à notre équilibre, négativons). Re-positivons: par rapport à Hérrade et son oeuvre, une jeune fille Babel mériterait une place dans le dernier illustré en rayons. Et... comment puis-je oublier.... un illustré avec des jeunes filles sans Histoire, ça se vendrait mal!

Avant le style illustré d'Herrade et le style exhaustif D'Alembert&co, l'encylopédie a connu d'autres premières de style. Dès le IVe siècle, l'encyclopédie au style allégorique à Cappella (une première pour les sept jeunes filles, forcément sans tambour ni trompette), puis au VIIe le style étymologique et alphabétique d'Isidore de Séville. S'il avait du style, l'évêque Isidore péchait parfois! Ô suprise, Isidore localise sur terre le paradis terrestre. Où? Pour les curieux: "Paradisus est locus in orientis" (Livre IV §3 de Etymologiae). Isidore explique aussi que "Paradisus" signifie "Jardin" en latin, et que "Eden" signifie "Délice" en Hébreu -- tiens donc, l'abbesse n'était pas biesse!

Sources: wikipedia.org, "Le père Noël est une ordure", classes.bnf.fr

Monday 21 May 2018

Le Douanier Rousseau

Récemment, 1957: Nestlé s'octroie le café frappé à la sortie de Thessalonique. Au Paris d'antan, le vin et le café étaient, au contraire, frappés d'entrée. Café frappé par l'octroi, un impôt d'import en ville dressé par le Roi Louis VI le Gros, pour engraisser le Roi (il mourra de bonne chère, le pauvre). Dressé comme accise, perçu à l'entrée, l'octroi était perçu par l'autorité comme un puits sans fond de fonds, la soif inépuisable des uns remplissant sans fin les caisses épuisables de l'Autre.

Mauvaise perception de l'autorité! Les barrières d'octroi, aux passages des murs, furent les premières prises des révolutionnaires de 1789.  Priorité absolue: les barrières furent prises avant la Bastille! Assoiffés de liberté, égalité, blablabla? Mouais, en réalité c'était: "Sus à l'octroi, vive le pinard tax-free, révolution!"

Viva la revolucion! Caramba!  Caramba encore raté, il fallait viser un peu plus à gauche (allusion pour tintinologues) pour satisfaire les insoumis de France (allusion pour mélanchonnologues). L'impôt n'est pas une baudruche politique (sans allusion), l'impopulaire octroi est increvable, il survit aux régimes, démocratiques fussent-ils. Ca coule de source. Né des régimes en amont des révolutions, l'octroi persistera jusqu'en 1943, aboli par le régime de Laval. Vichy qui vient au secours du vin, c'est presque fort de café.

En attendant l'abolition vichyste, fatigués de déguster pour remplir les caisses de l'Autre, les assoiffés du XIXème s'exhibent extra-muros, s'imbibent hors limite de Paris, une sortie pour inhiber l'impôt à l'entrée. L'esquive d'impôts implique une créativité 'out of the box': elle a toujours poussé les gens à dépasser la limite. Preuve par contraposition: si on sort 'in the box', on n'esquive pas l'impôt (taxe à l'imbibition, à cause de la valeur ajoutée, dit-on). 

La limite de Paris franchie, les assoiffés du XIXème s'exhibent en banlieue dans les buvettes à petit vin blanc. Vin local, aigre et pas cher, le clos Guinguet lèguera son nom aux buvettes de banlieue, ces bien nommées "guinguettes". Un nom délicieusement désuet qui fleure bon le bal musette.

Muser: entrer en rut en parlant du cerf, le mâle des hauts bois. La plus petite des hautbois, la musette s'amuse avec le cor (de chasse), se déclare parente de la cornemuse (le cor et la musette), matriarche d'une famille d'instruments à anche double, cette lamelle vibrante au vent dans un tuyau. En goguette au bal populaire, égayée au clos Guinguet, cette amusante musette artisanale trompera sans cor, subira le mâle italien dominant, l'industriel des accords en série, prothèse à anches, nommons-le: l'accordéon.

Où s'amusaient-ils en Guinguette nos assoiffés du XIXème?  C'est à Belleville, qui sonne aussi délicieusement désuet que ses guingettes, que se récoltait le clos Guinguet, Belleville aujourd'hui "intra-muros" mais en ce temps-là extra-"Mur des Fermiers généraux", appellation originelle du mur d'octroi. L'octroi était géré par l'Octroi, la compagnie pas créole du douanier Henri Rousseau (né à ..Laval, le seul percepteur connu à avoir l'art naïf). Belleville, c'est là où naquirent Edit Piaf, Maurice Chevalier, Eddy Mitchell, des noms qui résonnent la guinguette.

Guindailler en Guinguette? Dispute linguistique à la belge! On ne sait si le belge guindaille (mais si!), je veux dire: on ne sait si ce belgicisme vient du néerlanglais ('goed ale' ) ou du français ('godaille', péjoratif sur godet). Surplus d'anxiétude étymologique: 'Guindaille' (bière) antérieur ou postérieur à 'Guinguette' (vin)? Seule réponse plaisante: "Wijn na bier is plezier, bier na wijn is venijn".

Sources:  brusselslife.be (guinguette dans les parcs), http://gallica.bnf.fr (vie et mort de l'octroi), wiktionary.org, wikipedia.org

Friday 4 May 2018

Y a du Lézard

Début vingtième, à la Belle Époque, école à Cherbourg au Cotentin, culottes courtes et bancs s'usent l'un l'autre. Tel un croisé convertissant l'infidèle, le preux fesseur de l'époque pourfend l'indisciple à coups de baguette. L'air est coupé. Descendu de chaire, le cher maître de Cherbourg marque la chair déculottée. Ephémères lignes, réminescence peut-être de l'intemporelle 'Ligne du temps', le graal dont constamment se contente, Constantin du Cotentin, le maître d'époque.

A cette époque justement, point encore de Belle Époque sur la Ligne temporelle ancrée à la craie sur tableau noir, juste de grandes époques qui se succèdent, avec de grandes dates dressées comme des butors pour les séparer. Romulus et Rémus, l'Antiquité, la chute de l'empire romain en 476, le Moyen Âge, encore une fois la chute de l'empire romain, les Temps Modernes, la Révolution, des tralalas, la Belle Époque, et tout ça...

Rechute de l'empire romain? Ô peuchère! (de l'occitan 'pêcheur'). Ainsi s'exclame Fernand un audacieux culotté de langue d'Oc, culotté protégé du professeur Constantin, lui de langue d'Oïl. À leur belle époque, la Standard Oil de Rockfeller existait toujours, et Cherbourg alimentait son port à l'huile - à Bourville, en Normandie plus continentale, on s'alimentait de porc au beurre, gras, pas cher, pas kasher. Volontiers accumulateur d'Histoire, Fernand aime tout en Grangier, sauf sa cuisine.

Ô peuchère, s'exclame donc Fernand d'Elle, disciple qui faisait attention à sa Ligne (Elle avec deux petits 'l', c'est la Langue d'Oc, la Ligne avec un grand 'L', c'est pas celle du pêcheur pécheur Fernand mais celle du preux prêcheur perché sur chaire d'Histoire) : "Comment l'empire Romain a-t-il pu rechuter sans s'être d'abord redressé?" Orientaliste d'Occident répliquant à l'Occitan, Constantin du Cotentin constate: "Pas à Rome l'empire romain de la rechute".

Pas clair pour le disciple! Côté pédagogique au Cotentin, c'était pas Byzance; côté historique, ce n'était plus Byzance non plus. Toujours pas clair? 1453, la fin de l'empire romain d'Orient pardi! Constantinople, la nouvelle ville éternelle de Constantin Ier (l'empereur romain, pas le maître Constantin du Cotentin), lui-même fils de l'éphémère empereur Constance, qui donna son nom au ...  Cotentin.

Cotentin, Byzance, Constantinople, et pourquoi pas Istanbul? Oh là! Ca travaille trop! On n'est pas des boeufs non plus! Référence sociale à une époque agricole, pas si Moyen Âge que cela. Evitons l'imparfait qui ne peut seoir au jeu de mots, soyons Grangier, présentons: les boeufs de trait souffrent, propulsent l'air en souffle: ils aérent au sol d'un trait de soc, libèrent leur gaz (sans CFC), retournent terre, pierres, et autres lézards.

Raconté à la manière du pays d'Oc, celui de Fernandel et de Pagnol, raconté à la gloire du père, le lézard grossit, devient géant, des crocs lui poussent - ça y est, c'est un alligator! Y a pas de lézard? Si, si, à l'origine du mot, le lézard espagnol 'el lagarto'. Si le reptile s'appelle Odile, ses crocs n'en sont que plus fameux... Et que dit Odile le reptile quand il fait froid? Oserais-je: "ça caïman"! Finalement, l'imparfait est de mise pour le jeu de mots, voire le passé décomposé, pourri.
 
Retour à la Ligne! Il est temps. Moyen Âge, Temps modernes, Révolution de 1789: la célèbre révolution binamèye (en wallon, comme ça se prononce), la chute du Saint-Empire à Liège (pas romain non plus), les bien-aimés qui font tomber le mal aimé Prince-évêque - en imagé, des schtroumpfs binamèyes qui chassent le méchant Gargamel, fin des Temps modernes.

Soures: wikipedia.org, wiktionnaire.fr, "La cuisine au beurre", Peyo accessoirement.

Trois c'est trop

Si Ricard est la crème de la pastisserie amère, ce n'est pas grâce à feu Charles Pasqua, la "Mère Teresa du RPR" (dixit de son...