Coeur de Lion

Pas de quoi en faire un fromage, mais une histoire normande pas si rustique que cela (oui d'accord, les jeux de mots sont d'origine industrielle ce soir, un tantinet commerciaux d'ailleurs).  Comme requis par la tradition, voici la photo de départ.

Tous les fans de Robin des Bois (lu et relu dans ma tendre adolescence) ont entendu parler du roi Richard, un Gaillard au Coeur de Lion, propriétaire de par son ancêtre Guillaume, d'une Normandie qui n'avait pas encore inventé le camembert de son nom. Pour la gloriole, rappelons-nous que Guillaume, ce 'francais' conquérant qui envahit l'Angleterre en 1066 était de sang Viking - un "Nord' 'Man', évidemment.,

Gaillard, ce château de Richard, est une histoire de curés. Tout d'abord, ceux-ci convainquent Philippe (roi de France) et  Richard (roi d'Angleterre) de combattre ensemble l'infidèle, envoyant une floppée de migrants exactement dans l'autre sens que celui emprunté aujourdhui (armés jusqu'aux dents, ils assiégeaient littéralement la population locale).

Pour une question de succession en Flandres (une région riche à l'époque), Philippe abandonne Richard et tant qu'à faire en profite pour grignoter un morceau de Normandie (en soudoyant le frère de Richard, mille marcs d'argent, c'est-y pas beau?). Ah oui, les curés: on ne quitte pas la Croisade comme cela ! Philppe s'est rendu à Rome et en bon soldat, s'est fait...porter pâle auprès du Pape qui lui accorda sa bénédiction pour se soigner au Pays. Ironie contemporaine de l'histoire, c'est finalement un wallon (Baudoin de Hainaut, Personnage Supérieur du coin) qui hérita à l'époque du comté de Flandres (la rancune envers le P.S. du coin est tenace).

Richard revient et se réconcilie avec Philippe, sous condition de ne point bâtir de place fortifiée dans une boucle stratégique de la Seine (c'est le moment de revoir la photo de départ). Richard s'en moque (il sait la Normandie perdue sans cette place fortifiée) mais il y a un hic! Le terrain à bâtir appartient au clergé (les revoilà) qui s'y oppose énergiquement jusqu'à....monnaie sonnante et trébuchante (c'est-y de nouveau pas beau tout ça) ? En l'occurrence, le terrain est échangé contre le port de Dieppe et ses revenus. Marché de soutane conclus (de nos jours, on simplifie en 'marché noir'), tout cela va très vite , on creuse les galeries et on entasse les pierres à la hâte. Hop, hop, le ciment n'a pas le temps de sècher (prouvé scientifiquement): Gaillard est terminé en moins de deux ans (1198 pour situer toute cette histoire) - plus vite que le piétonnier à Bruxelles!

Philippe (mais non, pas le nouveau maïeur Philippe de Bruxelles, je parle toujours du roi de France ami-ennemi de Richard),  Philippe de France donc (comme Cécile, qui est belge, tout le monde le sait), Phillippe donc, n'apprécie pas cette construction illicite de Richard, entachée de corruption, et contraire au plan de secteur. Donc il assiège, et assiège même longtemps, avec l'épisode pas drôle du tout des bouches inutiles. Imprenable le Fort Gaillard avec son design super-étudié (on disait la même chose de la prison de Lantin à son inauguration)? Pensez-vous, la victoire finale viendra d'une faiblesse de design,.. le positionnement de la chapelle, les soldats sont passés par une de ses fenêtres. Quand je vous disais que c'était une histoire de curés..

Justement, pour ne pas en faire une histoire de curés, certaines sources disent toujours que les soldats sont entrés par les latrines, une vision que je qualifierais de ... plus poétique,  en référence à John Harrigton, poète à ses heures, et inventeur des W.C. (on m'avait demandé de le placer dans l'histoire, tout cela est vrai, sauf que les "Closet' de Château Gaillard n'avaient pas encore de "Water" à l'époque...).

Sources: wikipedia.org

Chier un pendule

Continuons donc à disserter, avec variation sur thème imposé (les dictateurs s'y reconnaîtront), en espérant ne pas en faire toute une histoire (vous comprendrez l'expression plus tard). Ah oui, pour continuer la jeune tradition, il faut une photo comme point de départ  (non, pas besoin de cliquer cette fois ci):



La scatologie du titre génère le rire ou le dégoût, selon l'humeur du jour où la propension du lecteur. Parlons dégôut justement (en un seul mot, ce n'est pas de la presse de caniveau ici), et d'un jeune homme, Léon,  éduqué à la maison (le jury central existait-il au XIXe?) désertant le cocon pour des études de médecine qu'il fût obligé d'abandonner à cause d'humeurs justement, une hématophobie (elle ne tombait pas à pic celle-là, note pour les fidèles). Grand bien pour la société, il balanca la médecine et se tourna dès lors vers la physique (et comme il comprit que le mouvement perpétuel n'existait pas, il y resta).

Sacré Léon qui finit par laisser son nom à la postérité grâce à une grosse boule suspendue au Panthéon de Paris en 1851, prouvant ainsi la thèse de Copernic -- eh oui, la terre tourne et le pendule de Foucault fait tomber un à un les petits bois dressés autour du cercle (photo). Bien qu'auteur de travaux pointus (les courants de Foucault, la vitesse de la lumière), Léon en quelque sorte réédite le coup d'Amerigo Vespucci qui fait qu'aujourd'hui Donald (pas celui de Mickey, enfin si peut-être) n'est pas le président des Etats-Unis de Colombie.  Une revanche sur un Italien quelque peu usurpateur? Peut-être car ce serait un certain Vincenzo Viviani, mathématicien de son état, qui deux cent ans plus tôt utilisa un pendule pour confirmer les observations de son maître, Galilée (lui même fort impressioné par Copernic, pour ceux qui suivent). Vincenzo a aussi mesuré la vitesse du son - et vous croyez que c'est facile parce que vous savez compter (un belgicisme) les secondes entre l'éclair et le crac-boum? Détrompez vous, avant lui on avait 'calculé' quasi 500 m/s (mon incorrigible souci pédagogique me force à inclure la valeur actuelle: 343 m/s à 20° etc..).

Oui, oui la terre tourne. Et alors, vous comprenez vraiment de vraiment ce qui se passe avec le pendule de Foucault ? Ah oui, le pendule oscille dans un plan 'immobile' alors que la terre tourne ? On se fout de ma gueule là ! Immobile ! Et Newton, et sa pomme didju ? La boule, attirée par la gravitation de Newton, passe toujours au-dessus du disque noir au centre de la photo ! Et ce disque noir, il est quand même accroché à la terre qui tourne non? Et le point d'accrochage du pendule (le panthéon quoi), il tourne pas avec la terre ? Ben si, donc le plan du pendule  tourne aussi avec la terre. Perplexe ?

Aïe, les largués par ce discours vont dire que j'en chie un pendule (expression à peu près adaptéeà ce contexte).  Restons plutôt multi-media, c'est l'époque qui veut ça: que les curieux scientifiques (non, non, que les autres ne sentent pas coupables), se penchent sur l'animation au mileu de cette page, celle avec 3 cercles horizontaux et la flèche qui tourne un tour vers le haut, un tour vers le bas, faisant ainsi tomber les petits bois de la photo; cette animation n'est pas disponible sur Wikipedia Français qui nous bassine avec Coriolis (il est vrai que Coriolis est Français); pas un mauvais bougre, mais Coriolis qui fait que l'eau de l'évier en Colombie tourbillone dans l'autre sens que celle aux Etats-Unis d'Ameringo, c'est autant de la foutaise que le plan du pendule qui reste immobile. Pour les curieux avides de géométrie (ça réduit encore plus le public, je m'en rends compte), le plus visuel c'est le plan du cône déroulé dans cet article (voir '3eme essai' les trucs avant c'est moins clair). Merci voisins.

D'accord, y pas de fumée sans feu, et tous les tours de magie ont un truc, qu'on révèle un jour ou l'autre. Notez qu'il a fallu des siècles avant que Copernic ne découvre le truc du Soleil qui se couche d'un côté et se réveille de l'autre.  Revenons au plan du pendule ! Imaginez-vous tout simplement un pendule accroché exactement au pôle Nord (après avoir construit un panthéon de glace, mais c'est faisable) --  une fois lancé, le pendule oscille toujours dans le même plan, alors que la terre tourne dessous. Et pourquoi t'as pas dit ça au-début hein ?  Au lieu de nous chier un pendule, on aurait pu s'amuser à autre chose !

Pomme d'à pic

Dissertons un peu pour le plaisir, une photo comme point de départ :

(cliquez pour voir la photo d'abord, c'est mieux..)

Tomber à pic lit-on viendrait du jeu de paume (non, non, pas celle sur la photo). Pratiqué depuis des siècles, un peu désuet aujourd'hui, le jeu de paume implique deux joueurs (donc deux paumes, gantées par la suite, raquettées plus tard), un filet au mileu, une balle qu'on envoie au-dessus et le droit de se rapprocher de 15 pieds au service, au premier coup gagnant; au-deuxième, 30 pieds; au troisième, 40 pieds. Cela ne vous rappelle rien ? 15/30/40 et puis gagné ?

Et pas que pour les paumés ! Au lendemain de son entrée à Paris, Henri IV disputa une partie, appréciée par le peuple (parisien, le peuple). Dallington sujet d'une autre Majesté, assimilant ce jeu à une très française perte de temps (boire de l''eau chaude au milieu de l'après-midi, c'est quand même aut'chose), Dallington donc, écrivit vers 1600 'La France est un pays de jeux de paume, plus nombreux que les églises, et des joueurs plus nombreux que les buveurs de bière en Angleterre” (tiède, l'influence de l'eau chaude probablement).

La traversée de la Manche est d'ailleurs croustillante – prisonnier en Angleterre après la bataille d'Azincourt (vous ne connaissez pas ? Nettement mieux connu dans les manuels scolaires anglais), le duc d'Orléans pratique le jeu de paume en captivité – et ce sont les descendants des geôliers (chatelains tout de même) qui inventent le tennis en adaptant le jeu de paume..sur herbe (tiens donc), en se reposant sur une avancée technologique – le caoutchouc, qui permet à la balle de rebondir sur l'herbe. Et quand je remarquais 'tiens donc', j'aurais du dire 'tenez donc'', non par souci de vouvoiement excessif, mais parce qu'une prononciation anglaise déviée transforma le mot français en .. tennis.

Faut dire qu'avant cela, les anglais avaient une autre pomme à croquer, Oui, une seule, celle sur la photo, prise dans le jardin d'enfance d'un prénommé Isaac qui vivait donc à Woolthorpe à cette époque (Isaac est né en 1642 selon le calendrier julien, en 1643 selon le calendrier grégorien, on s'en fout, mais cela situe la chose en hiver). La pomme n'est pas d'époque parait-il, même pas l'arbre malgré son air ancestral. Appréciez au passage la photo, exemple typique où une couleur primaire est manquante, sauf, sauf, au point d'attention.

Selon ses dires ou la légende, c'est lorsque le point d'attention tomba, à pic, qu'Isaac eût cette révélation qui, encore aujourdhui, nous fixe les pieds sur terre. Et dire que les paumés compagnons d'Henri IV n'y avaient même pas pensé. Enfin, de l'observation d'une pomme à la loi de gravitation universelle qui, conjuguée à celles de Kepler, nous permet de maîtriser le mouvement des planètes et des sondes qu'on envoie promener là-bas, reconnaissons qu'il y avait plus qu'un pas à franchir. Bravo Isaac !

P.S. Pour les curieux, la pomme d'Isaac n'est point une pomme d'Api.

Sources : nationalgeographic.com, wikipedia.org