Friday 26 June 2020

Des potes à Voltaire

A en croire l'étymologie, la démocratie, le pouvoir ("kratos") du peuple ("demos"), serait moins naturelle que le despotisme éclairé, un mode gouvernemental associé à la physiocratie ("kratos" - le pouvoir, "physis" - la nature, le "gouvernement naturel"). Détenteur ’naturel’ du pouvoir selon les physiocrates, le despote éclairé est (selon les physocrates) naturellement guidé par la raison, si chère à Voltaire et autres Lumières, dont les Encyclopédistes. Accros de la plume, ces phiphys (philosophes physiocrates) éclairent, de lettres en visites, leurs éclairés en chef: Catherine, Frédéric, Joseph, tous les II de Russie, Prusse, Autriche. Il y a pire qu'empire comme zone à éclairer. A rendre jaloux les philosophes à travers les siècles, de Machiavel au bobo BH, eux qui ont dû se contenter respectivement de princes et d'on ne sait quoi.

Eclairage aux intérêts mutuels entre despotes et phiphys puisque Catherine II, la despote éclairée, finança l’Encyclopédie de philosophes éclairants. Médisant, mais peut-être vrai disant.  Diderot s'encourut à la cour de St Petersbourg et Descartes donna cours à la Cour de Suède.  Proliphiphyque, Voltaire, lui, écrivait: 197 lettres à Catherine! Pas de Petersbourg, mais Voltaire courut ailleurs et changea de Cour, sans perdre un Louis, titrant même chambellan à la Cour de Frédéric (le II de Prusse si vous suivez). Courtisan courtisé de Versailles à Berlin, Voltaire la Lumière aimait le luxe - l'étymologie confond d'ailleurs ces concepts, le phyphi est l'ancêtre du bobo.

Eclairé mais ingrat, peu Candide en somme, Frédéric II (mé)disait dans le dos de son chambellan en titre: "lorsque l'agrume est pressé, on jette l'écorce"  (et tel fut le sort de Voltaire à Berlin).  Là, on flaire l'efficacité du despote éclairé. En effet, sans débats mains point sans ébats (très utiles au pouvoir de Catherine), le despotisme éclairé est efficace.  Exemple? Développement de l’agriculture au galop de charge: Frédéric II fonde 900 villages, Joseph II importe cent mille colons en Hongrie, et Catherine II oukase une colonie germanique sur la Volga. Colons ces germains mais pas totalement couillons: incités par trente ans d’exonération d’impôts - on Volguerait pour moins! Colonie couillonnée tout de même par un autre Joseph, naturellement plus illuminé qu’éclairé, qui débarqua les colons de la Volga en 24 heures (succès mitigé pour le développement agricole au goulag, trop froid ou trop d’impôts, Staline a dû louper un truc). 

Efficace aussi en matières religeuses, le despotisme éclairé bouscula  les Ordres, confisca leurs biens (naturellement), et éclaira par sa tolérance: bouddhisme religion d’Etat par Catherine II, une protestante convertie en pays orthodoxe, édit de tolérance des protestants par Joseph II en pays catholique, et première église catholique à Berlin par Frédéric II en pays protestant. Désordres religieux contre Ordres religieux, ça marche, c'est éclairé.

Bien sûr il y a débat sur le despotisme éclairé, mais comme Frédéric II qui postule au titre d'archétype de roi-philosophe, et même si les villages de Potemkine n' avaient qu'un éclairage de façade, Catherine II postule au titre d’archénana de la despote plutôt bien éclairée. La postérité en dira-t-elle tant des règnants aspirants despotes en 2020? Paraissent un tantinet moins éclairés (ou plus illuminés, c’est selon).  Et on ne parle pas de républiques bananières (à tort peut-être). Dire que la démocratie a élu ces archétypes! Pouvoir du peuple ou populisme?

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