Monday 7 August 2017

Redingote

Sans prendre robe pour autant (l'habitude ne fait pas le moine), voici la photo de départ, et pour les fatigués de vieilleries, le version relookée (le franglais, c'est plus moderne que le celtique), c'est ici - trois mille quatre cent euros pour un machin à remonter le temps, c'est raisonnable.  Et  pour éviter de retomber dans le masculisme, voici une redingote plus efféminée.

Fouillons dans l'étymologie, en compliquant la chose (conseil: ignorer la mite italique en première lecture).  Allons-y: l'étymologie du  mot 'étymologie', c'est tout simplement 'étymologie' en grec ancien - ça n'apprend rien, mais ça  mange pas de pain non plus. L''étymologie de la redingote est plus nourrissante (surtout pour les mites qui d'ailleurs ne mangent pas de pain non plus). Sans travestir l'histoire, on peut même dire que l'étymologie de la redingote est une autre paire de Manches.

Voyons cela: la redingote de France [rədɛ̃gɔt] a traversé la Manche (telle une mite..) pour s'appeler... 'redingote' [rɛdɪŋɡəʊt] - l'Anglais ayant zuste ajouté un zeste de chewing-gum pour la prononciation.  A part le mauvais jeu de mot sur le trou de la mite, encore rien d'extraordinaire. Accrochez-vous et rapièçons notre histoire: le mot 'redingote' en français  vient d'une autre paire de mots, bien anglais, qui, eux, ont mal traversé la Manche (dans l'autre sens, bien plus tôt). Pas encore habi-tué au chewing-gum (la mite est plus experte que le chewing-gum), le Français ne pût que déformer "riding coat" ˈ[raɪdɪŋ kəʊt] en "redingote" [rədɛ̃gɔt] et, comme Paris dicte la mode, l' Anglais adopta "redingote" [rɛdɪŋɡəʊt] pour désigner ce paletot. Pigé? L'explication est moins miteuse sans l'italique.

D'accord, il n'y a pas là de quoi fouetter un cheval - ni de quoi en faire un fromage d'ailleurs (référence excrérimentale au chèvre de Chavignol). Raffermissons le discours: le mot redingote est un exemple tyique de réemprunt -- tout comme 'mannequin' qui se dit  'mannequin' en Néerlandais, par adaptation du 'mannequin' francais (toujours Paris qui dicte la mode), mot qui est lui-même une déformation française de 'mannenken'  (petit homme en Néerlandais, statufié à Bruxelles). Linguistiquement joli, mais esthétiquement, le mannequin canon dans mon imaginaire bourré de pub, il est pas exactement petit, et pas exactement homme non plus , et pas... enfin bon....comme quoi la pub... Autre exemple: Le 'Tenez' - 'Tennis'  du premier blog (un peu de pub ne fait pas de tort).

La redingote s'est en quelque sorte travestie. Dit autrement: quand on revoit la photo version efféminée ci-dessus et qu'on traduit littéralement "riding coat",  l'habit ne fait pas le moine. De fait, initialement un utilitaire d'extérieur (le cheval d'intérieur reste à inventer, quoiqu'il existe une interprêtation libertine), la redingote fût par la suite de tous les dîners mondains,  en tout cas à la table d'Anna Karénine(*).  Et pratique avec ça la redingote: elle portait un deuxième nom en russe: 'Сюрту́к' - traduction phonétique de "Sur Tout". Transgenre aussi: fin 18ème, on retourna l'étiquette et la redingote devint extrêmement chic et féminine  ('fassionable', histoire d'initier un réemprunt).

(*) Anna est la Sophie Marceau en version originale, je dirais même intégrale vu les milles pages de la brique. Me croirez-vous si "épais" en russe se dit "Tolsty" ?

No comments:

Post a Comment

Trois c'est trop

Si Ricard est la crème de la pastisserie amère, ce n'est pas grâce à feu Charles Pasqua, la "Mère Teresa du RPR" (dixit de son...