Saturday 12 August 2017

Mona Hannah

Mère de mère de Dieu, Hannah est Grande et Leonardo est son prophète. De par son oeuvre (photo de départ), il a rendu cette Grande mère maternelle célèbre dans les milieux autorisés - aussi. Sainte Anne, Hannah, à l'arrière-plan, vola même la vedette à la Joconde, sa copine du Louvre, lors de la démission de l'autorité la plus haute de ces milieux autorisés, dont l'avis éclairé contesta une restauration trop lumineuse de l'oeuvre. Cela s'ébruita et les potins de galerie se répandirent  (dictionnaire du Louvre: galerie: couloir dont les papiers peints sont bien encadrés).

Dans ces cas là, il se dit même que les experts se crêpent le chignon, un élément indispensable de la coiffure de bonne famille. Il fallut cinq siècles et un balayage scanner  pour écarter Mona Lisa de l'opprobre publique, en découvrant que sa chevelure, que l'oeil nu aurait cru libre, était bel et bien tenue par un chignon plat. Ouf, car il y a cinq cents ans, les cheveux libres symbolisaient la mauvaise vertu. Ce soulagement vertueux doit tout à la technique dite de «réflectographie infrarouge qui permet de rendre transparents certains pigments et de voir [les repentis d’auteur] à travers les diverses couches de peinture». Lumineux. Tellement qu'on découvrit par le même occasion un voile de gaze blanche et transparente accroché à son corsage, voile que seules portaient à l'époque les femmes enceintes ou accouchées. D'où le sourire, conclut-on dans les milieux autorisés.

Retour sur sa rivale, Grand-mère Hannah. Elle n'est pas canonique, au contraire d'origine apocryphe (en deux mots: non-calibrée par rapport au canon). Illuminons cela par une analogie avec, évidemment, la "Guerre des Etoiles": analyser le futur pour mieux comprendre le passé. Comme canon de référence: la trilogie initiale de Georges Lucas. Tout qui contesterait l'analogie, sous pretexte que les Evangiles canoniques sont quatre, se verra répondre que les trois mousquetaires aussi. Ces trois premiers épisodes se numérotent IV, V, VI. Quelle idée... Mais c'est parce que les épisodes I, II, II ont été écrits après  pour raconter ce qui s'était passé avant. On parle de Prequel Trilogy, prélogie en Français.  Analogie, Trilogie, Prélogie, ça rime de connaissance. Prélogie aussi pour Sainte-Anne, qui apparait dans l'épisode I: le Protévangile de Jacques, réalisé par après  pour raconter ce qui se passait avant  les Evangiles canoniques. On aurait pu le deviner par le nom: Jacques ne fait pas partie des quatre mousquetaires.

Par respect et souci d'instruction, voici le titre complet de l'oeuvre: La Vierge, l'Enfant Jésus, et sainte Anne. On dit de telles oeuvres, lumineuses (polémique ou pas), qu'elles n'ont pas pris une ride. Hannah non-plus! Regardez bien son visage sur la photo: elle paraît tout aussi jeune que Marie. Il y avait là matière à Freud, un dissertant bien plus illuminé que votre disciple serviteur. Freud y vit la volonté de Léonardo de représenter ses deux mères, la vraie et la belle -- celle de sang avec qui il vécut cinq ans - et la jeune épouse du père, qui emmena le futur génie à Vinci, en Toscane.

Admettons éventuellement peut-être pour les deux mères. Mais il (Freud) pousse le bouchon un peu loin. Il a décelé dans le drapé, bizarrement arrangé et malaisé à comprendre, de Marie, le contour du vautour -- avec un peu d'imagination, même beacoup, on peut y arriver. Et alors? Eh bien, grand instruit, Freud se rappelle l'hiéroglyphe égyptienne qui associe le vautour à la mère. Surtout que, dans son Codex Atlanticus, Leonardo a raconté qu'il cauchemardait étant enfant à propos de vautour attaquant son berceau. Il (Freud toujours) en conclut, par référence hiéroglyphe donc, que ce rêve de Léonardo trouvait son origine dans le souvenir qu'il avait de têter le sein. Oh là! Psychanalysons le psychanalyste! Son oeuvre à lui (à Freud) "Eine Kindheitserinnerung des Leonardo da Vinci" s'est prise une méchante ride: il se fait que Codex Atlanticus avait tout simplement été mal traduit en Allemand et que le petit Léonardo n'avait pas de vautour dans son cauchemar...
 

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