Tuesday 19 September 2017

Aristide

Plutarque était un philosophe moraliste Grec Romain. Point d'antique anachronisme, juste un Grec de la Rome antique, nostalgique de l'antique Grèce. Vous suivez? En bref, un antique hellénophile. Un mot élitiste plus haut antique que grécophile, qui rappelle l'amour de la Belle, poire de discorde au temps d'Ulysse: Hélène, la première à succomber au charme de Pâris. Raté pour l'étymologie, aucun lien avec le Paris sans circonflexe, mais, patience, on y reviendra (à Paris).

Son truc à lui, Plutarque, ce sont les 'vies parallèles', biographies d'hommes illustres organisées par paire: un illustre Romain et son antique avatar, un illustre Grec. Illustration pour s'échauffer: Plutarque raconte les vies de Jules César et d'Alexandre-le-Grand, puis compare ces illustres. Fastoche pour le point commun: conquistador, comme Napoléon (ou Ysabel - pub gratuite pour un piconnaître antérieur). Plus cultivé: trouvez le point commun entre une autre paire d'illustres: Démosthène et Cicéron (c'est pas carré, humour pas très éloquent du prof de latin). L'indice en style mots croisés: Démosthène pratiquait la sienne avec des cailloux dans la bouche. Réponse adjectivée en ligne précédente.

Fini l'échauffement: quel est le point commun entre Aristide-le-Juste et Caton l'Ancien? Ayant recours à la traduction (ben oui, en bon hellénophile, Plutarque écrivait en grec ancien, hors de portée de mon prof de latin), je vous le donne en mille: l'avancement dans la fonction publique de par leur vertu. Tadam! Va vous falloir être créatifs pour élire vos illustres contemporains isothématiques. Les ingrédients vertueux sont pourtant connus (par exemple, commencer par fonder un Samu social) mais il n' y a pas de Recep à suivre.

Juge et militaire, fonctions assurées par Recep aujourd'hui, Aristide-le-Juste devint la tête de turc des jaloux d'Athènes, lui qui tira trop de gloire de sa droiture et de sa sagesse. Ce qui mena finalement à son ostracisme - comme quoi un bien bien acquis ne profite jamais non plus. L'ostracisme de la Grèce antique était une peine somme toute mesurée puisque le banni retrouvait l'entièreté de ses biens à son retour. Bien plus tard, Napoléon, naïf, avait visiblement cru être simplement victime d'ostracisme en revenant de son île d'Elbe - il aura fallu le convertir à une sainte Hélènephilie pour qu'il comprenne.

Dans la Grèce antique d'Aristide, l'ostracisme se prononcait par un vote populaire où l'on écrivait le nom du banni sur un ostracon: un tesson de poterie ou, à l'origine, une coquille (huitre se dit ostreon en grec ancien). L'anedocte de Plutarque fait sourire:  "un paysan illettré demanda à un homme distingué de l'aider à inscrire sur son ostracon le nom d'Aristide. L'homme lui demanda ce qu'il reprochait à Aristide. « Rien » répondit le paysan. « Je ne le connais même pas, mais j'en ai assez de l'entendre partout appeler « Le Juste » ». À la suite de cela, Aristide - car c'était lui l'homme distingué - écrivit honnêtement sur le tesson le nom qu'on lui demandait".

Aristide était tellement sage que, fait unique de l'histoire locale, il fit rejeter la réponse de l'oracle! Fallait oser être droit à ce point là. En clair, on imagine qu'il usa de grande diplomatie pour faire comprendre à son collègue stratège (et aussi son meilleur ennemi), que la Pythie de Delphes, aussi chaste soit-elle, racontait n'importe quoi. Il résolut la chose en provoquant  une deuxième consultation de la Pythie, qui se montra mieux inspirée.

La Pythie tire son nom du dragon-serpent Python vaincu par Apollon, une victoire célébrée par les jeux Pythiques à Delphes, deuxièmes en importance après ceux d'Olympe. Des courses de chars y étaient organisées, comme l'atteste la belle et rare statue de l'Aurige (photo), un des seuls cinq grands bronzes d'époque, statue contemporaine (enfin, à trois ans près) d'Aristide-le-Juste. On m'a dit récemment qu'elle avait de beaux yeux  (c'est placé, na!).i

L'hippodrome Pythique était situé tout juste au pied du Mont Parnasse, consacré à Apollon et aux neuf Muses, là où selon l'anectode d'Homère (hellénophile de naissance), Ulysse fût blessé par un sanglier - y a pas qu'en Ardennes. Selon Wi kipedia, la gare homonyme de Paris (sans circonflexe) tirerait son nom d'une butte de gravats, que les étudiants héllénophiles du Quartien Latin (des Plutarque modernes) auraient affublée de ce célèbre nom antique, butte rasée pour faire place au quartier homonyme. Un de ses habitants célèbres fût Guillaume Apollinaire, de par son premier et cinquième(!) prénom, et dont le cinquième vénère à sa façon l'antique Mont. Ironie des choses, la muse de Guillaume, Maria Dubois, spirituelle mais pas Pythie, était de Stavelot, au pays des sangliers.

Références: remacle.org, wikipedia.org, levif.be



No comments:

Post a Comment

Trois c'est trop

Si Ricard est la crème de la pastisserie amère, ce n'est pas grâce à feu Charles Pasqua, la "Mère Teresa du RPR" (dixit de son...